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M. GUY DE MAUPASSANT
CRITIQUE ET ROMANCIER

M. Guy de Maupassant nous donne aujourd’hui, dans un même volume[1] trente pages d’esthétique et un roman nouveau. Je ne surprendrai personne en disant que le roman est d’une grande valeur. Quant à l’esthétique, elle est telle qu’on devait l’attendre d’un esprit pratique et résolu, enclin naturellement à trouver les choses de l’esprit plus simples qu’elles ne sont en réalité. On y découvre, avec de bonnes idées et les meilleurs instincts, une innocente tendance à prendre le relatif pour l’absolu. M. de Maupassant fait la théorie du roman comme les lions feraient celle du courage, s’ils savaient parler. Sa théorie, si je l’ai bien entendue, revient à ceci : il y a toute sorte de manières de faire de bons romans ; mais il n’y a qu’une seule manière de les estimer. Celui qui crée est un homme libre, celui qui juge est un ilote.

  1. Pierre et Jean, Ollendorf, éditeur.