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trois mois avant de me rendre ; j’hésitai continuellement ; mais enfin obsédé par ses importunités, qui augmentaient sans cesse, lasse d’être chez mon père, flattée par l’espoir d’être heureuse, je résolus de lui accorder pour la première fois qu’il me verrait, tout ce qu’il voudrait et me demanderait.

Je n’attendis pas longtemps, le premier jour de marché où j’allai à la ville, fut celui où mon amant redoubla ses instances. Je balançai pendant environ une heure, et enfin je me rendis. Quel fut mon bonheur[ws 1] de posséder, comme il le disait, un objet aussi aimable que moi : ses mesures étaient prises depuis fort longtemps : il me conduisit bien vite chez une couturière de ses amies, dans un quartier fort retiré.

Ce fut là où je quittai mes œufs, mon beurre et mon pauvre mannequin, que je n’ai jamais reporté depuis.

Jusqu’ici l’on a vu ma simplicité, je puis même, sans crainte, dire ma bêtise, mais à dater de là je vais être une toute autre femme ; car désormais je n’aurai d’autre maître que la seule nature ; quels progrès ne fait-on pas quand on suit
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