Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/1632

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Mède, assiège ; j’ai fait cesser tous ses gémissements.[1]

3. À cause de cela mes reins sont remplis de douleur ; l’angoisse s’est emparée de moi comme l’angoisse d’une femme en travail ; je suis tombé, lorsque j’ai entendu ; j’ai été tout troublé, lorsque j’ai vu.[2]

4. Mon cœur s’est flétri ; des ténèbres m’ont frappé de stupeur ; Babylone que je chérissais m’est devenue un sujet d’étonnement.

5. Dresse la table ; contemple dans une guérite ceux qui mangent et qui boivent : levez-vous, princes, saisissez le bouclier.[3]

6. Car voici ce que m’a dit le Seigneur : Va, et place une sentinelle ; et tout ce qu’elle aura vu, qu’elle l’annonce.

7. Et elle vit un chariot conduit par deux cavaliers, l’un qui montait un âne, et l’autre qui montait un chameau ; et elle considéra soigneusement d’un œil très attentif.[4]

8. Et elle cria comme un lion : Je suis dans la guérite du Seigneur, m’y tenant continuellement pendant le jour, et je fais ma garde, m’y tenant les nuits entières.[5]

9. Voici que vient cet homme qui monte le chariot aux deux montures des cavaliers ; et il répondit et dit : Elle est tombée, elle est tombée, Babylone, et toutes les images de ses dieux, taillées au ciseau, ont été brisées contre terre.[6]

10. Mon battage, et vous, fils de mon aire, ce que j’ai ouï du Seigneur des armées. Dieu d’Israël, je vous l’ai annoncé.[7]

11. Malheur accablant de Duma. Il me crie de Séir : Garde, qu’annonces-tu de la nuit ? garde, qu’annonces-tu de la nuit ?[8]

  1. Is. 21,2 : Elam ; la Perse représente ici Cyrus, qui en était ; elle est ainsi nommée, parce qu’elle fut habitée par les descendants d’Elam, fils de Sem. ― Mède ; Darius, roi des Mèdes. ― Ses gémissements ; les gémissements de Babylone ; hébraïsme, pour les gémissements qu’elle faisait faire, dont elle était la cause. En hébreu, les pronoms possessifs se prennent en effet indifféremment dans un sens actif et passif ; ainsi, par exemple, ma blessure peut signifier ou la blessure que j’ai faite à quelqu’un, ou la blessure qu’on m’a faite.
  2. Is. 21,3 : À cause de cela, etc. Le prophète, dans tout ce chapitre, se montre ému de compassion pour Babylone ; d’autant que dans le temps où il parlait, elle était amie et alliée d’Ezéchias, et qu’elle n’avait pas encore opprimé les Hébreux. Mais il prédit tout à la fois et ses crimes et le châtiment qui les suivra.
  3. Is. 21,5 : Dresse la table. C’est probablement une allusion au festin de Baltassar. Voir Daniel, chapitre 5.
  4. Is. 21,7 : Par deux cavaliers, etc. Ces deux cavaliers représentaient les Mèdes et les Perses. Ces derniers se servaient très avantageusement des chameaux dans les combats ; ils ont aussi quelquefois employé les ânes, qui étaient exclusivement en usage chez les Caramaniens, peuple assujetti aux Perses.
  5. Is. 21,8 : Voir Habacuc, 2, 1.
  6. Is. 21,9 : Voir Jérémie, 51, 8 ; Apocalypse, 14, 8. ― Cet homme, etc. ; un des deux cavaliers dont il est question au verset 7. ― Il répondit ; le même homme ; ce qui suppose une interrogation sous-entendue ; ou bien, ce que nous préférons, il éleva la voix, il parla, comme porte le verbe hébreu que la Vulgate elle-même a rendu ailleurs (voir Deutéronome, 26, 5) par parler (loqueris). Comparer à Isaïe, 14, 10. ― Les images des dieux étaient innombrables à Babylone.
  7. Is. 21,10 : Fils de mon aire ; hébraïsme, pour grains que l’on bat dans mon aire.
  8. Is. 21,11-12 : Prophétie contre Duma. C’est la réponse à une question que font au prophète les habitants de Duma, effrayés par les invasions assyriennes. On ne connaît pas de ville de Duma en Idumée. Les géographes arabes nomment plusieurs villes