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1861
ÉZÉCHIEL.


vivait, ainsi que nous le verrons plus loin. C’est principalement de là que provient l’obscurité de son langage. Mais si son langage est peu clair, la faute en est beaucoup plus à notre ignorance qu’à sa manière de parler ; les images qui lui étaient familières, ainsi qu’à ceux qui vivaient avec lui en captivité, nous sont inconnues, et par suite fort peu intelligibles. Il n’a pas, du reste, l’éclat d’Isaïe, mais il surpasse en élégance Jérémie.

L’authenticité des prophéties d’Ézéchiel n’a jamais été sérieusement contestée.

Ces prophéties forment un tout bien ordonné. Elles se partagent en deux parties très distinctes : la première, i-xxxii, antérieure à la prise de Jérusalem, a pour objet les jugements de Dieu contre son peuple et les peuples étrangers ; et la seconde, xxxiii-xlviii, postérieure à la ruine de Jérusalem et du temple, l’accomplissement des promesses messianiques faites à Israël.

La destruction de la capitale de la Judée est donc le point central de tout le livre. Avant la catastrophe, le but d’Ézéchiel est d’exciter au repentir de leurs fautes ceux qui vivent dans une fausse sécurité, de les prémunir contre la confiance aveugle qu’ils mettent dans les secours de l’Égypte, car elle ne pourra les sauver des mains des Babyloniens, et de les assurer que le siège de la cité sainte est proche et leur malheur inévitable. Après ce terrible événement, il s’occupe surtout de consoler les captifs par la promesse de la délivrance future et du retour dans la patrie ; il les encourage en même temps par l’assurance des bénédictions messianiques.

Tous les oracles d’Ézéchiel sont disposés par ordre chronologique, excepté ceux qui concernent les nations étrangères, xxv-xxxii. Ces derniers sont rangés d’après la nature des sujets ; ils portent leur date, et elle montre qu’ils appartiennent à la première partie du livre, non à la seconde. Ils ont été la plupart composés dans l’intervalle qui sépare l’annonce du siège de Jérusalem et l’arrivée de la nouvelle de la prise de cette ville. — On admet généralement que les prophéties d’Ézéchiel ont été rangées dans leur ordre actuel par leur auteur lui-même.




CHAPITRE 1.

Première vision d’Ezéchiel. Au milieu d’un nuage enflammé paraissent quatre animaux ; près d’eux quatre roues ; au-dessus d’eux, un firmament sur lequel est un trône, et, sur ce trône, un homme assis et tout environné d’éclat.

1. Or il arriva en la trentième année, au quatrième mois, au cinquième jour du mois, que lorsque j’étais au milieu des captifs, près du fleuve de Chobar, les deux furent ouverts, et je vis les visions de Dieu.[1]

  1. Éz. 1,1 : Voir Ezéchiel, 3, 23 ; 10, 20 ; 43, 3. ― Trentième année d’Ezéchiel, selon les uns, de la découverte du livre de la loi sous Josias, suivant les autres, ou selon d’autres, parmi lesquels l’auteur de la Paraphrase chaldaïque, du commencement du règne de Nabopolassar, père de Nabuchodonosor ; manière de calculer les années qui étaient en usage chez les Babyloniens. ― Quatrième mois de l’année sacrée, et le dixième de l’année civile. Il commençait à la nouvelle lune de juin, selon les rabbins, mais c’était plus probablement à celle de juillet. ― Chobar ; en hébreu Chêbar ; fleuve qui prend sa source dans la Méso-