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1987
DANIEL. — INTRODUCTION.


jours admis au contraire Daniel comme un livre canonique et digne de foi. Toute la partie qui subsiste encore en hébreu et en araméen est acceptée sans contestation par les Juifs et les chrétiens ; quant à la partie qui n’existe plus qu’en grec, elle est rejetée par les Juifs et les protestants ; mais le concile de Trente en a consacré avec raison l’autorité. — Les principales preuves de l’authenticité de Daniel sont les suivantes : — 1o Le témoignage du Nouveau Testament, Matth., xxiv, 15 ; Héb., xi, 33 ; etc. — 2o Celui de Josèphe ; il raconte, qu’on montra les prophéties de Daniel à Alexandre le Grand, quand ce dernier visita Jérusalem. — 3o Le premier livre des Machabées, qui est presque contemporain des événements qu’il raconte, suppose l’existence du livre de Daniel, bien plus, la connaissance de la version grecque de ce livre, par conséquent celui-ci avait été écrit assez longtemps avant cette époque. — 4o On ne peut expliquer l’admission de Daniel dans le canon juif qu’en le regardant comme une œuvre authentique. Ce canon était clos avant l’époque des Machabées, et par conséquent tous les écrits qu’il contient sont d’une date antérieure. — 5o La connaissance minutieuse que possède l’auteur des mœurs, des coutumes, de l’histoire et de la religion chaldéennes est une preuve qu’il était contemporain des faits qu’il raconte ; après la ruine de l’empire de Nabuchodonosor par les Perses et les Mèdes, personne n’aurait pu être initié à tant de détails minutieux dont les découvertes modernes confirment l’entière exactitude. — 6o La langue est celle d’un homme vivant à l’époque de la captivité. Il avait l’habitude de s’exprimer dans les deux langues, hébraïque et araméenne ; du temps des Machabées, on ne parlait plus qu’araméen : l’emploi de certains mots, d’origine aryenne et non sémitique, ne s’explique non plus que par l’habitation de Daniel à la cour des rois perses : un Juif écrivant en Palestine n’aurait jamais usé de pareilles expressions.

Le livre de Daniel se divise en deux parties très distinctes : la première, i-vi, est historique ; la seconde, vii-xii, est prophétique. Dans la partie historique, Daniel parle à la troisième personne ; dans la partie prophétique, à la première, le verset d’introduction excepté, vii, 1 et x, 1. Malgré cette différence de langage, on admet généralement l’unité du livre. L’emploi successif des deux personnes s’explique par la nature du sujet : le prophète raconte sous forme de narration impersonnelle les faits et les événements symboliques, parce qu’ils peuvent être directement contrôlés, mais il parle en son propre nom, quand il rapporte des révélations et des visions personnelles, parce qu’elles tirent leur autorité du témoignage même du prophète à qui elles ont été communiquées. On remarque quelque chose d’analogue dans les autres prophètes, Is., vii, 3 ; xx, 2 ; xxxvi-xxxix. — Un appendice, contenant l’histoire de Susanne et celle de Bel et du dragon, xiii-xiv, termine le livre de Daniel dans la Bible latine.