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INTRODUCTION.

et la notoriété de l’auteur. Les Actes des Apôtres, ayant la même origine que le troisième Évangile, reçurent la même publicité ; ils furent l’objet du même respect. Les chrétiens devaient donc veiller également à la conservation de ces deux écrits. Altérer les Actes dans ce qu’ils ont d’essentiel, y glisser furtivement par exemple les prodiges dont ils sont remplis ou remplacer les faits naturels par des événements miraculeux eût offert plus de difficultés encore que de supposer le livre tout entier.

Il ne s’agit ici, bien entendu, que d’altérations essentielles, de nature à porter atteinte à la doctrine. Quant aux simples changements de termes, aux substitutions, additions ou transpositions de mots, il a pu s’en produire, et il en est survenu un certain nombre ; mais les variantes sont sans importance.

La véracité des Actes des Apôtres résulte aussi de leur authenticité et de leur intégrité ; car on ne peut supposer en S. Luc ni erreur ni imposture sur les faits qu’il rapporte. — 1o Il ne pouvait être dans l’erreur. Pour les faits les plus récents, il atteste les avoir vus de ses yeux : comment prétendre qu’il est dans l’illusion, ou que ces faits, donnés par lui pour merveilleux, n’ont rien que de naturel ? Pour ceux qui précèdent, il les tient de S. Paul, des Apôtres, de leurs disciples, les témoins les mieux informés et les plus sûrs. — 2o Il ne cherchait pas à tromper, car quel intérêt pouvait l’y porter ? Et comment eût-il réussi, dans un temps où S. Jean, d’autres Apôtres, une foule de disciples étaient là pour contrôler ses récits, et où tant de chrétiens étaient disposés à mourir pour l’intégrité de leur foi ?

Pour apprécier la valeur du livre des Actes, on peut le considérer sous plusieurs aspects : — 1o Au point de vue de l’édification. S. Chrysostome affirme que la lecture des Actes n’est pas moins salutaire que celle de l’Évangile. Aucun écrit n’est plus propre à faire connaître et à inspirer le véritable esprit du christianisme. On y voit briller toutes les vertus chrétiennes, surtout les vertus sacerdotales, le détachement, la charité, le zèle de la gloire de Dieu, le mépris des souffrances, le désir du ciel. — 2o Au point de vue de la doctrine. Ce livre est doublement précieux, soit parce que les miracles qui y sont rapportés confirment hautement la prédication du Sauveur et le récit des évangélistes, soit parce que la plupart des dogmes révélés s’y trouvent établis, par l’enseignement des Apôtres et la pratique des fidèles. — 3o Au point de vue de l’histoire ecclésiastique. C’est un monument d’une valeur incomparable. Il n’embrasse qu’une période assez courte et il a bien des lacunes ; mais il est le seul de cette époque, et cette période a une importance exceptionnelle. Comme la constitution de l’Église est divine et invariable, savoir ce qu’elle fut à son origine ou sur quel plan son fondateur voulut qu’elle s’établit, c’est savoir ce qu’elle a été depuis et ce qu’elle doit être jusqu’à la fin des temps.

Les vingt-huit chapitres dont ce livre est composé forment deux parties bien distinctes. — 1o La première contient douze chapitres et comprend un espace de douze années environ. On y voit le christianisme prêché à Jérusalem et dans la Palestine. Le personnage qui domine dans ces récits, c’est S. Pierre. Il y est nommé plus de cinquante fois, tandis qu’il n’est fait mention de S. Jean que six fois, et que les autres Apôtres, sauf S. Jacques le Majeur, son frère, sont simplement énumérés au commencement. — 2o La seconde partie comprend dix-sept chapitres et embrasse environ vingt ans, durant lesquels l’Évangile est prêché aux Gentils, C’est S. Paul qui paraît ici en première ligne. De xii à xvi,