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APOCALYPSE DE SAINT JEAN

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INTRODUCTION


L’auteur de ce livre est l’Apôtre S. Jean. Le fait est incontestable et même reconnu pour tel par les rationalistes les plus outrés ; il a en sa faveur toutes sortes de preuves d’autorité et de critique.

S. Jean a écrit l’Apocalypse durant son exil à Patmos ou immédiatement après. Or, il fut relégué dans cette île sur la fin du règne de Domitien, la quatorzième année, dit S. Jérôme, en 95.

1o Tel est en effet le témoignage exprès des Pères les plus anciens et les plus graves, notamment celui de S. Irénée, si bien instruit par S. Polycarpe de ce qui concernait S. Jean.

Le règne de Domitien est bien l’époque que semble indiquer l’Apocalypse elle-même. On ne peut pas placer plus tard la composition de ce livre : l’état des Eglises, encore organisées de la manière la plus simple, et ce qui est dit des Juifs et des judaïsants indique sûrement le siècle des Apôtres. Cependant on n’était plus aux temps des prédications de S. Paul. Les Eglises d’Asie, fondées par S. Pierre et par lui, s’étaient relâchées de leur première ferveur. Elles devaient donc être établies depuis un certain temps, depuis quinze ans au moins. Le martyre d’Antipas, « le martyr fidèle, » indique une époque de persécution, non seulement à Rome, mais dans les provinces, dans l’Asie Mineure en particulier ; or, il ne paraît pas qu’il y ait eu des persécutions semblables avant le règne de Domitien. Cet empereur, appelé par Tertullien comme par Juvénal un second Néron, qui fit mourir en haine de la foi Flavius Clément, son parent, dont il avait adopté les enfants, fit aussi rechercher en Palestine, pour les mettre à mort, tous ceux qui appartenaient à la famille de David ; et comme les petits-fils de S. Jude, marié avant son apostolat, furent dénoncés à ce titre, selon Hégésippe, on les conduisit à Rome pour y subir leur jugement ; « mais le tyran les épargna, parce que ses interrogatoires et leurs mains calleuses lui prouvèrent que ce n’étaient que de pauvres cultivateurs dont la fortune n’excédait pas neuf mille deniers. » Il est à croire que S. Jean y aura été transporté à la même époque. C’est d’ailleurs sous Domitien qu’on commença d’infliger aux prêtres et aux fidèles la peine de la déportation. Nerva, qui lui succéda l’an 96, révoqua ses édits et rappela les exilés.

On exagère beaucoup les obscurités de l’Apocalypse. Les difficultés qui lui sont propres ne se trouvent que dans les prédictions : or, ce livre contient bien autre chose que des prédictions. Le prologue, les avis aux Eglises et à leurs