Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/517

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de lui, ne lui accordant point de temps pour le repos, son âme défaillit, et se lassa jusqu’à la mort.

17. Alors découvrant la vérité de la chose, il lui dit : Jamais fer n’a monté sur ma tête, parce que je suis nazaréen, c’est-à-dire, consacré à Dieu dès le sein de ma mère ; si ma tête est rasée, ma force se retirera de moi ; je deviendrai faible, et je serai comme tous les autres hommes.

18. Or, Dalila, voyant qu’il lui avait confessé tout son cœur, envoya vers les princes des Philistins, et leur manda : Montez encore une fois, parce que maintenant il m’a ouvert son cœur. Et ils montèrent, après avoir pris avec eux l’argent qu’ils avaient promis.

19. Ainsi, elle le fit dormir sur ses genoux, et reposer la tête sur son sein. Elle appela aussi un barbier, et il rasa les sept tresses de ses cheveux : alors elle commença à le chasser et à le repousser d’auprès d’elle ; car aussitôt sa force se retira de lui.

20. Et elle dit : Les Philistins sur toi, Samson ! Et lui, sortant de son sommeil, dit en son cœur : Je sortirai, comme j’ai fait auparavant, et je me dégagerai, ne sachant pas que le Seigneur s’était retiré de lui.

21. Lorsque les Philistins l’eurent pris, ils arrachèrent aussitôt ses yeux, le conduisirent à Gaza lié de chaînes, et l’enfermant dans la prison, ils lui firent tourner la meule.[1]

22. Et déjà ses cheveux commençaient à revenir,

23. Lorsque les princes des Philistins s’assemblèrent pour immoler des hosties solennelles à Dagon leur dieu, et faire des festins, disant : Notre Dieu a livré Samson notre ennemi en nos mains.[2]

24. Ce que le peuple aussi voyant, il louait son Dieu, et disait les mêmes choses : Notre dieu a livré en nos mains notre ennemi, qui a ruiné notre terre et a tué un grand nombre de Philistins.

25. Or, comme ils se réjouissaient [3]

  1. Juges 16,21 : Ils lui firent tourner la meule. On ne peut imaginer d’occupation plus fastidieuse et plus fatigante. Aussi celui qui était obligé de s’y livrer était considéré comme la plus malheureuse des créatures, et chez les peuples anciens, on condamnait souvent les captifs à tourner la meule, comme Samson. Il est donc impossible de rien concevoir de plus humiliant pour le héros israélite que cette besogne de femme et d’esclave. Sur le moulin à bras, voir Deutéronome, note 24.6.
  2. Juges 16,23 : Dagon leur dieu. Dagon était le dieu principal des Philistins. Sur cette idole, voir 1 Rois, note 5.2.
  3. Juges 16,25-27 : Jouait en chantant et en dansant, pour les amuser, selon l’usage de ce temps-là. ― La description suivante de Shaw permet de se rendre bien compte des faits racontés ici : « Il y a dans ce pays-ci [en Afrique] plusieurs palais et Don-wânas, comme ils appellent les cours de justice, qui sont bâtis [comme les enclos sacrés] lesquels étaient entourés les uns en partie seulement, les autres tout à fait, de bâtiments avec des cloîtres par-dessus. Les jours de fête, on couvre la place de sable, afin que les pello-waan ou lutteurs ne se fassent point de mal en tombant, pendant que les toits des cloîtres d’alentour fourmillent de spectateurs. J’ai souvent vu à Alger, plusieurs centaines de personnes dans ces sortes d’occasions sur le toit du palais du Dey qui, de même que plusieurs autres grands édifices, a un cloître avancé qui ressemble à un grand appentis, n’étant soutenu dans le milieu ou sur le devant que