Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/980

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

2. Penses-tu que Gabélus soit mort, et que personne ne pourra lui rendre l’argent ?

3. Il commença donc à s’attrister extrêmement, lui-même, et Anne sa femme avec lui ; et ils commencèrent tous deux à pleurer ensemble de ce qu’au jour marqué leur fils ne revenait point vers eux.

4. Sa mère pleurait donc avec des larmes qu’elle ne pouvait retenir, et elle disait : Hélas, hélas, mon fils ! pourquoi t’avons-nous envoyé en pays étranger, toi, la lumière de nos yeux, le bâton de notre vieillesse, le soulagement de notre vie, l’espérance de notre postérité ?[1]

5. Ayant en toi seul toutes choses réunies, nous ne devions pas t’envoyer loin de nous.

6. Tobie lui disait : Tais-toi, ne te trouble point, notre fils est en bonne santé ; il est très fidèle, cet homme avec qui nous l’avons envoyé.

7. Mais cela ne pouvait en aucune manière la consoler ; car sortant chaque jour, elle regardait de tous côtés, et parcourait les chemins par lesquels il lui semblait qu’il devait revenir pour le voir venir de loin, si elle pouvait.

8. Cependant Raguel disait à son gendre : Demeure ici, et moi, j’enverrai des nouvelles de ta santé à Tobie, ton père.

9. Tobie lui dit : Je sais parfaitement que mon père et ma mère comptent maintenant les jours, et leur esprit est tourmenté en eux.

10. Enfin, comme Raguel priait Tobie avec beaucoup d’instances, et que celui-ci ne voulait en aucune manière l’entendre, il lui remit Sara, et la moitié de tous ses biens en serviteurs, en servantes, en troupeaux, en chameaux, en vaches et en une grande quantité d’argent, et il le laissa aller plein de santé et se réjouissant,

11. Disant : Que l’ange saint du Seigneur soit en votre chemin, et qu’il vous conduise exempts de tout mal ; que vous puissiez trouver tout parfaitement bien auprès de vos parents, et que mes yeux voient vos enfants, avant que je meure.

12. Et les parents, prenant leur fille, la baisèrent et la laissèrent aller,

13. L’avertissant d’honorer son beau-père et sa belle-mère, d’aimer son mari, de diriger sa famille, de gouverner sa maison, et de se conserver elle-même irréprochable.

CHAPITRE 11.


1. Comme ils s’en retournaient, ils arrivèrent à Charan, qui est à moitié chemin, en allant vers Ninive, le onzième jour,[2]

2. Et l’ange dit : Tobie, mon frère, tu sais comment nous avons laissé ton père.[3]

  1. Tobie 10,4 : Voir Tobie, 5, 23.
  2. Tobie 11,1 : Charan ne désigne pas ici la ville de ce nom située en Mésopotamie, mais une autre ville à l’est de Ninive et d’ailleurs inconnue, située peut-être sur la frontière de la Médie et de l’Assyrie.
  3. Tobie 11,2 : Tobie n’avait pu quitter sa jeune femme et prendre les devants, tant qu’on était en Médie, probablement parce que ce pays, mal soumis aux Assyriens, était mal disposé à l’égard de gens qui se rendaient à Ninive. Il avait donc fallu que l’ange Raphaël et Tobie restassent avec Sara pour la protéger, elle et ses biens. Arrivés sur le sol assyrien, ils pouvaient sans inconvénient hâter leur marche, en la laissant suivre à petites journées.