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NOTICE


documents, et de discerner le vrai du faux. Autant il serait imbécile de refuser tout amant à Louise, comme le veut ce bon Cochard, autant il est peu naturel, par amour du scandale, de transformer cette charmante femme en gouge et en louve ivre. Quoi qu’il en soit, on ne peut citer des noms. Maurice Scève, bossu ou boiteux, et d’ailleurs l’amant de Pernette du Guillet doit être écarté. L’ode de Baif,

Ô ma belle rebelle
Las, que tu m’es cruelle…

n’est pas une preuve suffisante. Seul Olivier de Magny semble avoir eu des chances et avoir joui des faveurs de ce beau corps. Son rôle en cette affaire ne fut pas brillant. Il écrivit en 1559 des vers intitulés À sire Aymon où il ridiculise fort malhonnêtement Ennemond Perrin. Était-ce dépit d’amoureux éconduit, basse vengeance ou nécessité de l’amant qui décoche une flèche au mari avant de quitter le lit de l’épouse ? On ne sait qu’une chose : c’est que cette ode fut une mauvaise action.

Pour bien juger les mœurs de la Belle Cordière, on oublie peut-être trop de se reporter aux conceptions morales de l’époque où elle vivait. L’idéal de

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