Page:Labé - Élégies et Sonnets, Sansot, 1910.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
58
LOUISE LABÉ

L’autre croyant pureté estre vice,
À autre Dieu qu’Or, ne fait sacrifice :
L’autre sa foy pariure il emploira
À deceuoir quelcun qui le croira :
L’un en mentant de sa langue lezarde,
Mile brocars sur l’un et l’autre darde :
Ie ne suis point sous ces planettes nee,
Qui m’ussent pù tant faire infortunee.
Onques ne fut mon œil marri, de voir
Chez mon voisin mieux que chez moi pleuuoir.
Onq ne mis noise ou discord entre amis :
À faire gain iamais ne me soumis.
Mentir, tromper, et abuser autrui,
Tant m’a desplu, que mesdire de lui.
Mais si en moy rien y ha d’imparfait,
Qu’on blame Amour : c’est lui seul qui l’a fait.
Sur mon verd aage en ses laqs il me prit,
Lors qu’exerçoi mon corps et mon esprit
En mile et mile euures ingenieuses,
Qu’en peu de tems me rendit ennuieuses.
Pour bien sauoir avec l’esguille peindre
I’eusse entrepris la renommee esteindre