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Page:Laberge - Hymnes à la terre, 1955.djvu/33

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Pavots d’Orient


Ce matin de juin, j’ai aperçu de ma fenêtre en m’éveillant une demi douzaine de grandes fleurs rouges dans le jardin. Les premiers pavots d’Orient de l’été.

Les pavots d’Orient, les plus éclatantes et peut-être les plus belles fleurs de nos parterres, de larges fleurs rouge flamme, au cœur bleu foncé, presque noir, sur une haute tige. On pourrait dire qu’elles sont la gloire de l’été. Elles n’ont aucun parfum, mais leur coloris si vif leur donne une beauté insurpassable. À les contempler, je sentais que la féconde nature avait trouvé là l’une de ses plus admirables créations.

Quelques jours plus tard, il y en avait une centaine devant ma fenêtre. Sous le grand ciel bleu, les pavots rouge flamme faisaient comme une nappe de feu et produisaient réellement un effet extraordinaire. De la route, du trottoir, les passants les apercevaient sur leur haute tige et s’arrêtaient invariablement, comme fascinés. Ils éprouvaient l’impression que les maîtres de cette maison blanche possédaient un jardin merveilleux.