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Page:Laberge - Hymnes à la terre, 1955.djvu/88

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RÉFLEXIONS

Ce qui empêche certains écrivains de talent de s’imposer, de faire prévaloir leurs idées, c’est qu’ils sont trop polis, trop raffinés, trop distingués, trop délicats pour énoncer une vérité toute crue avec le mot brutal qui l’enfonce dans la tête et la mémoire du lecteur.

Oui, il y a de la misère, mais c’est parce que les gens ont couru après. La vie vous donne des claques, mais vous devriez vous garer, tâcher de les éviter et non vous planter devant elle pour les recevoir.

Il faut aimer la justice d’un amour platonique car elle n’existe pas sur la terre. Elle n’est qu’un nom.

Cueillir à l’arbre des prunes bien mûres dans un vieux verger à l’abandon, par une chaude et calme après-midi d’août et là, dans la solitude et le silence apaisant, savourer les fruits juteux, sucrés, qui fondent dans la bouche, me semble un incomparable régal.

Aujourd’hui que je suis arrivé pour ainsi dire au terme de mes jours et que je jette un regard en arrière sur ma vie, je me plais à reconnaître que le talent et les dons dont la nature m’a gratifié, que l’amour du beau, la sensibilité et la faculté d’enthousiasme qu’elle a mis en moi, m’ont procuré plus de contentement et de joie que n’auraient pu m’en donner tous les