Page:Labiche, Delacour, Choler - Les Chemins de fer, 1867.djvu/102

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JENNY, souriant.

Oh ! yes.  Oh ! oui.

LUCIEN.

Mais laissez donc votre laine ! C’est énervant ! Depuis que nous sommes partis, elle a passé son temps à confectionner des pelotons de laine… et à carotter du papier à tout le monde… (À Jenny.) C’est un vilain tic que vous avez là pour une demoiselle à marier.

JENNY.

When shall we arrive ?  Quand arriverons-nous ?

LUCIEN, exaspéré.

Ah ! baragouine tant que tu voudras ; mais je te préviens que ça ne peut pas durer comme ça. Tu apprendras le français en vingt-cinq leçons ! Ou, sinon, je me dérangerai… je te ferai des farces… je te ferai les quatre cent dix-neuf coups.

JENNY.

What do you say ?  Que dites-vous ?

LUCIEN.

Que je suis bête ! Elle ne comprend pas… Ayons recours à une pantomime douce et animée… (L’appelant d’une voix douce.) Petite !… cocotte !… cocotte !… Come here ?… (Jenny s’approche ; il l’embrasse tout à coup.)

JENNY, se reculant et en anglais.

Shocking ! I will call my uncle !… shocking ! Je vais appeler mon oncle !

LUCIEN.

Je suis lancé !… soufflons les bougies. (Il souffle son allumette. La scène devient obscure. Lucien cherche à rejoindre Jenny qui se dérobe dans l’obscurité.)

TAPIOU, entrant, à part.

Impossible de les perdre ; ils me suivent à la piste.

LUCIEN, le saisissant et l’embrassant dans l’obscurité.

Ah ! je te tiens !… My dear !… my dear !

TAPIOU, stupéfait, à part.

Encore un morceau du train qui me caresse en anglais !