Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 01.djvu/37

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monde… surtout ma femme… On me répond à ça : "Bah ! ils ont été élevés ensemble ! Ce n’est pas une raison… Et une fois marié… Marié !!! (Au public.) Êtes-vous comme moi ?… Ce mot me met une fourmi à chaque pointe de cheveu… Il n’y a pas à dire… dans une heure, je le serai… (Vivement.) marié !… J’aurai une petite femme à moi tout seul !… et je pourrai l’embrasser sans que le porc-épic que vous savez me crie : "Monsieur, on ne marche pas dans les plates-bandes ! " Pauvre petite femme !… (Au public.) Eh bien, je crois que je lui serai fidèle… parole d’honneur !… Non ?… Oh ! que si !… Elle est si gentille, mon Hélène !… sous sa couronne de mariée !…

AIR : du Serment.

Connaissez-vous dans Barcelone,
Dans Barcelone !
Une Andalouse au teint bruni,
Au noir sourcil ?
Eh bien, ce portrait de lionne,
Ce portrait de fière amazone,
À l’œil hardi
Trop dégourdi…
N’est pas du tout celui de ma houri,
Non, Dieu merci !
Et c’est heureux pour un futur mari.

Une rose… avec une couronne d’oranger… telle est la lithographie de mon Hélène !… Je lui ai fait arranger un appartement délicieux… Ici, ça n’est déjà pas mal… (Indiquant la gauche.) Mais par là, c’est délicieux… un paradis en palissandre… avec des rideaux chamois… C’est cher, mais c’est joli ; un mobilier de lune de miel !… Ah ! je voudrais qu’il fût minuit un quart !… On monte !… c’est elle et son cortège !… Voilà les fourmis !… En veux-tu, des fourmis ?…