Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 01.djvu/411

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Tourterot.

À Châtellerault ? Ici ? Ah ! mais ça me pique… je commence à être piqué…

Poupardin.

Dans l’intention évidente d’échapper aux douceurs de ce chef-lieu, plus célèbre par sa coutellerie que par son architecture, j’allais prendre la diligence. À cet effet, enveloppé d’un carrick, et ma valise sous le bras, je longeais un sentier obscur que je n’hésiterai pas à qualifier de ruelle…

Tourterot.

C’était la grande rue.

Poupardin.

Lorsqu’une petite porte s’ouvre à proximité… une voix flûtée en sort et articule : « C’est toi, Arthur ? » Je me nomme Edgard !… Mais, comme le timbre était flatteur, je réponds : « C’est moi, Arthur ! » Qu’eussiez-vous fait à ma place ?

Tourterot.

J’aurais coupé dans le même pont… d’autant plus qu’Arthur, c’est le petit nom à papa.

Il se désigne.
Poupardin.

Ah !… Je franchis le seuil, le cœur plein d’émotion et ma valise sous le bras… (Avec gaillardise.) Que vous dirai-je ?…

Tourterot, gaiement.

Rien de plus… Compris !

Poupardin.

Quelques instants après, une lumière voisine vint, hélas ! trahir mon incognito… À la première lueur de ce gaz