Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 02.djvu/273

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FRANÇOIS.

Quoi donc ?

BLANDINET.

Cinq morceaux ! il en manque trois !

FRANÇOIS.

Parbleu !

BLANDINET, prenant vivement le carafon d’eau-de-vie et le regardant.

Il a baissé !… (Il tire son mouchoir et mesure.) Juste ! ils ont bu le nœud !

FRANÇOIS.

Eh bien, es-tu convaincu maintenant ? Cela te prouve que, dans ce monde, il faut savoir ouvrir les yeux et fermer les serrures !… Bonsoir, je n’ai plus soif. (Il rentre dans sa chambre.) Oh ! le brigand !


Scène XIV.

BLANDINET, seul.

Ce n’est pas possible !… je me suis trompé !… (Il compte de nouveau les morceaux de sucre.) Deux… quatre… cinq… Ah Joseph !… mais je ne lui en ai jamais refusé, du sucre !… Je crois que François a raison… je suis du compartiment de ceux qu’on attrape. Changeons de compartiment et, pour commencer, fermons les serrures ! (Il va à l’armoire, la ferme à double tour et met la clef dans sa poche.) Il paraît que le monde est peuplé de coquins ! les restaurateurs, les bottiers, les neveux, les domestiques… (Il prend le sucrier, le carafon et le flambeau allumé.) Et les amis !… cet Aubertin… Gustave !… le