Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 02.djvu/327

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
Madame Malingear.

Un client ! Qu’y a-t-il d’extraordinaire ?…

Alexandrine.

Dame !… c’est la première fois…

Madame Malingear, vivement.

Que ce monsieur vient ici ?… C’est bien ! Qu’il prenne ce numéro. On ne peut le faire passer avant les personnes qui attendent… (Ecrivant sur un papier, au bureau.) Donnez-lui son tour… le numéro 16.

Alexandrine sort.

Malingear, à part.

A-t-elle de l’aplomb, ma femme !

Madame Ratinois, à part.

Numéro 16 ! quelle clientèle !

Madame Malingear.

Mon mari n’a pas une minute à lui… Le matin, il a son service à l’Hôtel-Dieu ; il rentre à midi ; il déjeune, presque toujours debout… Les consultations commencent, en voilà pour jusqu’à trois heures.

Malingear.

Mais, ma chère amie…

Madame Malingear.

Je vous dis que vous vous tuerez !… Après, viennent les visites aux quatre coins de Paris… Enfin, il rentre, le soir, brisé, harassé… Vous croyez qu’il se repose ?… Du tout ! Il travaille à son grand ouvrage, qui sera lu en séance publique à l’Académie de médecine. On l’attend !

Malingear, protestant.

Mais, ma femme !…