Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 03.djvu/354

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Elisa.

Mais, si vous continuez à m’opprimer, à me tyranniser… je les lirai, ses lettres ! je les apprendrai par cœur ! . : .

Carbonnel.

Non, je t’en prie !

Elisa.

Eh bien, soit !… mais surtout ne me parlez jamais de ces déjeuners…

Carbonnel, vivement.

Jamais ! jamais !… Comme ça, tu me conseilles d’écrire à ces messieurs, pour les prier de remettre… (À part.) Ce sera la quatrième fois. (Haut.) Allons, je vais écrire à ces messieurs. (À part.) Si je sais ce que je vais leur dire, par exemple !… Oh ! le bal de l’Opéra !

Il entre à gauche.


Scène VI

Elisa, seule, après s’être assurée que son mai ne peut l’entendre, et s’avançant vers le public.

Chut !… il n’y a pas de colonel ! Il est en garnison à Marseille depuis quinze mois ! Il ne m’a jamais fait la cour… Le pauvre homme a des rhumatismes ! Mais il me fallait un épouvantail pour maintenir mon mari dans le devoir… et j’ai choisi le 102e de ligne… c’est-à-dire… son colonel !… Je ne le reverrai jamais… ainsi ! De temps à autre, quand mon mari devient méchant… je m’achète un bouquet et je me l’envoie avec la carte du colonel… d’anciennes cartes que j’ai retrouvées… Alors, tout cède, tout plie !