Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 04.djvu/144

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Madame de Verrières.

Oh ! lui ne le sut jamais… Je l’entourais de soins… d’attentions… de prévenances…

Dutrécy, à lui-même.

Eh bien, alors ?

Madame de Verrières.

Mais je ne trouvais pas dans son cœur ce qu’il y avait dans le mien… la jeunesse… lés élans… les aspirations…

Dutrécy.

Oh ! ça…

Madame de Verrières.

Les goûts de M. de Verrières n’étaient plus les miens… il finissait, et, moi, je commençais… Je sus néanmoins remplir mes devoirs… sacrifier mes penchants…

Dutrécy, à lui-même.

Eh bien, alors ?… Elle est très bien, cette dame !

Madame de Verrières.

Mon mari fut pris de la goutte !

Dutrécy.

Ah ! voilà !

Madame de Verrières.

Et, à l’âge des distractions et des plaisirs, je dus me résigner à partager son sort. Je passai les cinq plus belles années de ma vie à soigner un vieillard exigeant, morose… injuste souvent… Je ne le quittais pas, je souriais près de son chevet… sauf à pleurer quand je me trouvais seule…

Dutrécy.

Pauvre femme ! Et lui… il fut heureux ?

Madame de Verrières.

Oh ! jusqu’au dernier moment !…