Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 04.djvu/173

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plus fort que moi… La présence d’un étranger dans ma maison… ça me trouble… ça m’anéantit…

Annette.

Pauvre père !

Thibaudier.

Mais cela va bientôt finir, Dieu merci !

Cécile.

Comment ?

Thibaudier.

Oui, toutes ces demandes, ces présentations… j’en suis malade !… Que veux-tu ! j’ai passé ma vie dans un bureau… à l’administration des Archives… et des Archives secrètes, encore ! Nous ne recevions jamais personne… ça m’allait… Voilà pourquoi je n’aime pas à causer avec les gens que je ne connais pas.

Cécile.

Vous connaissez donc beaucoup M. Garadoux ?

Thibaudier.

Pas du tout, mais il m’a été recommandé par mon notaire, que je ne connais presque pas non plus. Il s’est présenté carrément… Nous avons causé pendant deux heures… sans que j’aie eu la peine de placer quatre mots… Il faisait les demandes et les réponses… cela m’a mis tout de suite à mon aise :

Air du Piège

"Bonjour monsieur, comment vous portez-vous ?
Bien ! je le vois… Grand merci, moi de même.
Maître Godard vous a parlé pour nous…
Tant mieux ! Ma joie en est extrême.
Croyez, monsieur, que je serais flatté
D’être admis dans votre famille…
Hein ?… Pas un mot ?… Allons ! c’est arrêté ;
Vous m’accordez la main de votre fille."