Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 04.djvu/222

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bras, me caresse, m’embrasse en m’appelant son cher Folleville… son bon Folleville… le moyen de dire à un père aussi souriant : "Votre fille n’est pas mon fait, cherchez un autre gendre…" Alors j’hésite, je remets au lendemain, les jours se passent, et, si ça continue, je me trouverai marié sans m’en apercevoir…Ce n’est pas que mademoiselle Berthe de Manicamp soit plus mal qu’une autre… Au contraire, elle est jolie, spirituelle, riche… oui, mais elle a un défaut, elle est petite… oh ! mais petite !… tandis que ma cousine Aloise !… une cousine de cinq pieds quatre pouces !…

Air de la Colonne

Sa taille svelte, élancée et bien prise
À sur mon cœur des charmes tout-puissants,
J’ai constaté d’ailleurs, avec surprise,
Qu’elle grandit encore tous les ans,
Elle grandit encore tous les ans.
Plus je la vois qui s’élève et progresse,
Plus mon amour va pour elle en croissant,
À ce jeu-là, je ne sais pas vraiment
Où doit s’arrêter ma tendresse.

D’ailleurs, notre mariage est arrêté depuis longtemps entre les deux familles… Ma foi ! j’en suis fâché pour mademoiselle Berthe, mais je vais déclarer tout net à Manicamp…


Scène II

Folleville, Manicamp
Manicamp, dans la coulisse.

Où est-il ? où est-il ? (Paraissant.) Ah ! vous voilà ! mon cher Folleville !… mon bon Folleville !