Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 04.djvu/70

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tenante, qu’on me débarquerait sur la première côte qu’on pourrait aborder.

Madame de Verrières.

Un malade !

Fromental.

Comment ! et tu n’as pas protesté ! Tu ne leur as pas dit : "Je suis le fils de la maison Fromental de Paris ! On vous payera, lâches que vous êtes ! "

Georges.

Je crois que cela ne les eût pas convaincus… Un seul officier… un Français, mon père !… s’éleva énergiquement contre ce lâche abandon…

Fromental.

À la bonne heure !

Georges.

Il offrit de partager sa cabine avec moi… tout fut inutile… J’avais à peine conscience de moi-même… Je sentis que deux matelots m’emportaient sur un matelas et me descendaient dans un canot… Bientôt le bruit des rames m’apprit que nous avions quitté le bâtiment.

Fromental.

Voilà les voyages ! les voilà !

Georges.

Une vague, qui vint nous effleurer, me fit ouvrir les yeux… et quel fut mon étonnement en voyant assis au gouvernail ce même officier qui avait pris ma défense, il me serra la main et me dit : "Je ne vous quitte pas, moi ! "

Madame de Verrières.

Ah ! c’est bien !

Fromental.

Le brave jeune homme !