Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 04.djvu/86

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jours ; je me disais : "Voilà mon existence changée, bouleversée…" Eh bien, pas du tout ! c’est à peine si on l’entend… Elle trottine dans l’appartement comme un petit oiseau… si j’ai besoin d’elle… elle est là ; quand je veux être seul… elle s’envole.

De La Porcheraie, à part.

Et il a rabattu son col !

Dutrécy.

C’est bien agréable d’avoir une compagnie… qui ne vous dérange pas… Vous savez que je n’aime pas à manger seul… Fourcinier me l’a défendu… Eh bien, elle me fait société… elle découpe… elle est très adroite !… elle parle, elle babille, elle gazouille… elle me raconte sa vie de pension. Je sais déjà le nom de toutes ses petites camarades… avec leurs défauts !

De La Porcheraie.

Vous voilà bien avancé !

Dutrécy.

Ah ! c’est charmant !

De La Porcheraie.

Papa Dutrécy… nous sommes amoureux !

Dutrécy.

Moi ? chut ! (Confidentiellement.) J’en ai peur. Tout à l’heure quand ce domestique a annoncé M. et madame Dutrécy… J’ai senti le rouge me monter au visage… et ça m’a fait plaisir !

De La Porcheraie.

Vraiment ?

Dutrécy.

Cela m’a prouvé que ce ne serait pas ridicule…