Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 08.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
Montdésir.

Eh bien, alors ?…

Mouillebec.

J’avais vingt ans… je devins éperdument amoureux de la fille du marchand de tabac… Elle s’appelait Monique… je lui composais des vers latins… ainsi qu’à son père… à sa mère… et à ses deux tantes… Ce nonobstant, on la maria à un autre. (Avec orgueil.) Mais je lui ai toujours gardé mon cœur !… jamais je n’ai souillé l’autel où j’adorais Monique !

Montdésir.

Ah bah !…

Mouillebec.

Et, depuis quarante ans, j’attends qu’elle soit veuve !

Montdésir, à part.

Non ! je ne suis pas en Bretagne ! je suis en plein Bengale… pays des roses !

Mouillebec.

Monsieur n’a pas d’autres questions à m’adresser ?

Montdésir.

Non… merci… je…

Il regarde Mouillebec et éclate de rire.

Mouillebec, à part.

Qu’est-ce qu’il a donc ?

Montdésir.

On devrait vous couler en bronze… et vous mettre sur une place… la place Mouillebec !

Mouillebec, flatté.

Oh ! monsieur… en bronze !… je ne mérite pas !…