Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 08.djvu/228

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Mouillebec.

C’est-à-dire que vous la faites mal ! Vous nous servez de monstrueuses ratatouilles !… Hier encore, cette poule au riz…

Alidor.

Je me suis trompé… j’ai versé le riz dans les pruneaux… et la poule dans le panier au charbon…

Mouillebec.

De façon que nous n’avons eu ni poule, ni riz, ni pruneaux ! C’est insupportable, de dîner comme ça.

Alidor, se levant.

Eh bien, qu’est-ce que ça prouve ?

Il pose son poulet sur le banc.

Mouillebec.

Ca prouve que vous ne savez pas faire la cuisine.

Alidor, passant à gauche.

Non, ça prouve que j’ai un petit dieu qui tire de l’arc dans ma poitrine !… J’aime, enfin !… Cette fâme !… je la vois partout ! Je l’aspire, je la respire et je la soupire !… Je guette ses mies de pain pour les manger… Je dévore les feuilles de radis qu’elle laisse dans son assiette… car je lui filoute ses feuilles de radis !

Mouillebec.

Malheureux !

Alidor.

Et, dans ce moment, je cherche un roux digne d’assaisonner les gants qu’elle a portés !

Mouillebec.

Et vous comptez me faire manger de ça ?