Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 08.djvu/286

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Antoine, à part, avec mépris.

Ca ! c’est un petit commis à six cents francs !

Criqueville, à lui-même.

Qu’est-ce que je risque ? la rivière ne s’envolera pas… et si je réussis… j’épouse Clotilde… Morbleu ! je veux en faire l’expérience… Voilà un homme ! perdu sur un quai, en veste de nankin, au cœur de l’hiver… sans un sou, sans crédit, sans asile… qui entre dans le monde avec un seul mot : "Flatte ! flatte ! flatte !…" C’est une mise de fonds comme une autre… je veux voir où ça le conduira ! Ah ! M. du Corbeau n’a qu’à bien se tenir… voici le renard ! (Appelant.) Antoine !

Antoine.

Monsieur ?

Criqueville.

J’ai besoin d’un groom. je te prends à mon service.

Antoine.

Moi… groom ?

Criqueville.

Je ferai ta fortune !

Antoine.

Ma fortune ? j’accepte ! (À part.) C’est un banquier !

On entend jouer du piano dans la maison de gauche.

Criqueville, à lui-même.
Aïe !… cristi ! quelle horrible musique ! (Se reprenant.) Eh bien, c’est comme ça que je débute !… (Se plaçant sous la fenêtre de gauche et applaudissant.) Bravo ! bravo ! bravo ! (À part.

Ecoutant la musique qui continue.) C’est encore plus faux… tant mieux !… ça m’exerce… (À Antoine.) Fais comme moi ! (Applaudissant plus fort.) Bravissimo ! bravissimo !

Antoine, de même.

Bravissimo ! bravissimo.