Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 08.djvu/292

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Pagevin.

Mais, monsieur !

Criqueville, apercevant le portrait de femme appendu au mur.

Mazette !… Voilà une belle toile !… C’est un Murillo ?

Pagevin, impatienté.

Non, monsieur, c’est un Galuchet !

Criqueville.

Ah ! c’est un Galuchet… Beau talent ! talent splendide !

Pagevin.

Lui ? un barbouilleur qui me devait vingt-cinq francs… et qui m’a croûtonné ça en payement… C’est le portrait de mon épouse !

Criqueville.

Votre épouse ? (À part.) Je le tiens ! Il va m’inviter ! (Haut.) Ah ! quelle figure suave ! le type des vertus domestiques !…

Pagevin.

Hélas ! monsieur… je l’ai perdue !…

Criqueville, tirant son mouchoir et prêt à pleurer.

Perdue !… si jeune et si belle ! ah !…

Pagevin.

Mais non !… je l’ai perdue aux Champs-Elysées… dans la foule…

Criqueville, à part.

Pas de chance !

Pagevin.

Je soupçonne un clerc de notaire !

Criqueville, remettant vivement son mouchoir dans sa poche.

J’allais le dire !… (Au portrait, avec mépris.) Ah ! que voilà