Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 08.djvu/360

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Criqueville.

Ou périr !

Antoine.

Ou payer !… Ah ! monsieur ! quel Anglais !… Si vous l’aviez vu manœuvrer à travers les biftecks, les gigots, les rosbeefs !… haoup !… haoup !

Criqueville

Air : Il me faudra quitter l’empire

Cette lutte gastronomique
Devait être un coup d’œil charmant !

Antoine

N’ m’en parlez pas ! cet Anglais diabolique
Etait affreux ! fantastique ! effrayant !
J’en tremble encor, monsieur, en en parlant.
Dix plats, vingt plats ne paraissaient qu’à peine
Pour s’engloutir dans ses flancs dévorants !…
Et j’me croyais, cauch’mar des moins riants,
Tête à tête avec la baleine,
Au milieu d’un banc de harengs,
Quand ell’ déjeun’ dans un banc de harengs !

(Parlé.) Ca entrait ! ça entrait !

Criqueville.

Eh bien !… et toi ?

Antoine.

Moi, je tenais bon… d’abord ! mais, au bout d’une heure, je commençais à me sentir gonfler dans votre pardessus… on vous l’a fait un peu étroit… pour moi !… L’English me guignait de l’œil… je ne bougeais pas !… Enfin, on apporte le café !… Je me dis : "C’est fini !…" Ah bien, oui !… le gredin commande un vaste plat de haricots… au lard !… Je bondis !… un bouton part… ma livrée paraît !

Criqueville.

Maladroit !