Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 08.djvu/58

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de Vatinelle est maîtresse de sa fortune… Je possédais sa confiance, elle me la retire… cela peut être humiliant pour moi, mais la coutume de Normandie est là !

Courtin.

La sauvegarde des familles.

Vatinelle.

Ah ! vous avez bien raison ! Au moins, sous régime, la position des époux est nette… Le mari n’est plus qu’une espèce de dame de compagnie… avec de la barbe ! un masculin quelconque… nourri, logé et chauffé… Quand il a été bien gentil… on lui donne une montre en or… avec sa chaîne ! S’il a été sage toute la semaine, s’il a été soumis, attentif, caressant… eh bien, le dimanche on le promène à la campagne avec un habit neuf… Mais qu’il s’avise d’élever la voix, de soumettre une observation à bonne maîtresse à lui… à genoux, Domingo !… au pain sec et à l’eau !… Coutume de Normandie ! Ah ! le joli mariage pour un homme de cœur !… Touchez là, beau-père, que je vous remercie !

Il lui serre la main convulsivement.

Courtin.

Aie ! vous me faites mal !

Vatinelle.

C’est la joie, la reconnaissance.

Courtin, à part.

C’est égal, je le tiens !

Vatinelle.

Maintenant, je vous ai remis mes pouvoirs ; payez, touchez, contractez, transigez… je m’en lave les mains.

Courtin.

Pardon… il reste encore une petite formalité.