Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 08.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
Vatinelle.

Respectons la coutume de Normandie ! On nous a maçonné là-bas un contrat avec des séparations, des compartiments, des cloisons…. on nous a mariés sous le régime cellulaire… Soumettons-nous !

Amélie, vivement.

Georges !… vous voulez me quitter ?

Vatinelle.

Non madame… rassurez-vous… Je ne veux pas qu’on prenne madame de Vatinelle pour une de ces épouses sans mari, qu’on voit flotter à la surface des sociétés douteuses !… Pour vous, pour moi, je resterai. Je resterai, mais je payerai pension.

Amélie.

Vous êtes cruel, Georges…

Vatinelle.

Cruel, avec vous ? non, madame !… Il y a desfemmes avec lesquelles la raillerie serait une lâcheté… ce sont celles qui, se croyant trompées, se défendent avec leur cœur, avec leurs larmes, avec leur douleur… Mais il en est d’autres pleines de sang-froid, de présence d’esprit… dont l’œil reste sec, le cœur impassible… qui se contentent d’étendre le bras et de mettre la main sur l’argent… sur le sac !… Avec celles-là, madame, on ne craint jamais d’être cruel !

Amélie.

Est-ce bien vous qui me parlez ainsi ?… Georges, je ne vous demande qu’un mot… donnez-moi votre parole d’honnête homme que vous ne connaissez pas cette femme ?

Vatinelle.

Non, madame… cela ne m’est plus permis, on m’accuserait d’avoir voulu reconquérir la clef de la caisse !