Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 10.djvu/146

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nir est brisé…" Moi, je poussais d’énormes soupirs ; il ne faut pas oublier ça ! Pour l’un, j’étais comique ; pour l’autre, intéressant. J’avais besoin d’être consolé… et, comme les femmes ont par-dessus tout l’instinct de la consolation…

Hector.

Mais c’est très fort, cela !

Verdinet.

Tiens ! si vous croyez que les agents de change sont des imbéciles ! (Riant.) Je me souviens encore de ma dernière expérience… je l’ai pratiquée sur un notaire…

Hector, riant.

Oh ! un notaire !… Vous ne respectez rien !

Verdinet.

J’étais à Plombières… Il y a trois ans… juste un an avant mon mariage… Je m’ennuyais à boire de l’eau… lorsqu’un jour, je rencontrai au bras du dit notaire une petite femme… très gentille, ma foi !… une brunette avec des yeux bleus et des mains rouges… Ah ! par exemple, les mains rouges… me taquinaient !… Mais, en voyage… Le mari était jaloux, ombrageux… à ce point que, pour rompre la glace, je fus obligé de corser mon petit mélodrame conjugal… Je lui avouai que je m’étais appliqué cinq coups de couteau et treize gouttes de laudanum pour ne pas survivre à mon infortune !… Il ne tarda pas à me prendre en amitié… et, quinze jours après, il m’appelait Edmond… et sa femme aussi ! Il m’obligea à venir habiter le même hôtel que lui, nous mangions ensemble, nous nous promenions ensemble… et sa femme aussi !… Il organisait des parties de plaisir pour me distraire… car il était bon, cet homme !… mais il ne savait pas monter à cheval… il nous suivait de loin… sur un âne… en portant les châles et les ombrelles…