Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 10.djvu/18

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regret de ma vie… Oh ! l’adultère ! l’adultère, c’est-à-dire la volupté assaisonnée de crime ! Comprends-tu le crime, Agénor ? Moi, je le comprends ! il y a des jours où je sens en moi l’étoffe d’un grand criminel !

Il va poser son verre sur la table.

Agénor.

Tais-toi donc ! tu es le meilleur des hommes.

Même jeu.

Martin, descendant à gauche.

Ne crois pas ça ! j’ai du sang espagnol dans les veines ! Caramba ! comme dit mon cousin !… et puis ça passe… mais il y a tout de même un fond de regrets.

Agénor.

Console-toi, va ! Les femmes mariées, c’est amusant de loin ; mais, à l’user, c’est la scie des scies !…

Martin.

Quand tu me persuaderas ça…

Agénor.

Dans les commencements, je ne dis pas… il y a de bons quarts d’heure.

Martin.

Je crois bien… la femme d’un autre !

Agénor.

Oui, mais l’autre a parfois des vengeances…

Martin.

Oui… le sire de Vergy, qui fait manger à son épouse le cœur de son amant… Ca, c’est pénible… mais ça ne t’est jamais arrivé ?

Agénor.

Il y a plus pénible encore.