Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 10.djvu/28

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Loïsa, avec terreur.

C’est effrayant !

Edmond, lisant.

"Le voyageur tremble, car l’abîme l’attire, et, courbé sous la main puissante de la nature, il plie le genou et s’écrie… (Tournant la page.) On trouve au chalet de la Handeck du pain, du fromage et du kirschwasser." (S’arrêtant.) Mais ça ne se suit pas… Ah ! j’ai tourné deux pages.

Bathilde agite son mouchoir.

Agénor, à part.

Il est donc aveugle ?

Il tire son mouchoir et l’agite aussi.

Loïsa.

Que ça doit être beau, cette chute de l’Aar. (À Martin.) Mon ami, pourquoi n’irions-nous pas aussi en Suisse ?

Martin.

Oh ! la Suisse !… on s’en fait une idée… Figure-toi le mont Valérien… plus haut… Voilà la Suisse !

Loïsa.

Oui, mais là on ne court aucun danger… tandis qu’à la Handeck…

Edmond.

Il suffit d’un simple faux pas… On parle d’un Anglais qui avait à se plaindre de sa femme. Il la conduisit à la chute de l’Aar et, avec le petit doigt, il la poussa dans le trou !

Loïsa.

Ah ! c’est horrible !

Bathilde.

On ne l’a retrouvée que cinq ans après.