Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 10.djvu/35

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que lui, puisque vous êtes sa femme… tandis que moi…

Loïsa.

Soyez franc ! c’est une rupture que vous cherchez ?

Agénor.

Une rupture ? jamais ! Une simple modification. Le rôle de la femme sur cette terre n’est-il pas de revenir à son mari après l’avoir trompé ? Rentrons dans le giron, Loïsa.

Loïsa.

Assez, monsieur. Je sais ce qu’il me reste à faire… je ne survivrai pas à votre lâche abandon, je vous en préviens.

Agénor.

Vous dites toujours cela.

Loïsa.

Vous le croirez peut-être quand je ne serai plus. J’ai dans le chaton de ma bague un poison subtil, celui dans lequel les Indiens trempent leurs flèches. Il m’a été rapporté par don Hernandez, le cousin de mon mari.

Agénor, incrédule.

Ah ! ouat !

Loïsa.

Ah ! ouat ?… Adieu, Agénor… adieu.

Elle fait le geste de porter la bague à ses lèvres.

Agénor, l’arrêtant.

Pas de bêtises, Loïsa !

Loïsa.

Je ne comprends que cette façon de rentrer dans le giron, comme vous dites.