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Quelques années plus tôt, son frère, sir Humphrey Gilbert, après avoir obtenu la même faveur d’Élisabeth, avait été perdre, sur les côtes de l’Amérique du nord, sa fortune et sa vie ; il y avait dans l’entreprise de Raleigh, au milieu de beaucoup d’ambition, une pensée pieuse, une sorte d’acceptation de l’héritage fraternel, un titre sacré.

La concession faite à Raleigh fut des plus larges. Il est vrai qu’une pareille libéralité ne coûtait guère à Elisabeth, peu généreuse de son naturel, économe comme l’ont toujours été les grands souverains. La forme de la donation fut toute féodale. Raleigh fut constitué lord propriétaire avec des pouvoirs à peu près illimités. Il devait tenir sa nouvelle seigneurie par hommage ; les redevances étaient insignifiantes : c’était le cinquième de l’or et de l’argent qu’on découvrirait. Quant aux émigrants, la charte ne stipulait rien touchant leurs droits ; c’était affaire à régler entre eux et le lord propriétaire ; Raleigh avait une juridiction absolue, une seigneurie entière : c’était à lui de concéder quand et comme il l’entendrait les terres de son nouveau domaine.

On fit un premier voyage d’exploration le long des côtes de la Caroline, et telle fut la splendeur des descriptions faites par les premiers aventuriers, si vive fut la peinture du sol, du climat, des