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gouvernement anglais, mais à l’intérieur elle était fondée sur une base trop durable, pour être ébranlée d’un instant.

À ce sujet deux réflexions, l’une qui nous fera mieux comprendre la constitution américaine, l’autre qui touche nos essais de colonisation, et nous montre le principal défaut de notre politique coloniale, aussi bien de celle que nous suivons aujourd’hui que de celle que suivit Louis XIV ; car toutes deux se ressemblent en un trait, je dirais presque en un vice essentiel : l’intervention exagérée, la tutelle excessive de l’Etat.

Vous voyez comment, dès le premier jour, la constitution anglaise, toute proportion gardée, fut naturalisée en Amérique ; et combien, de cette première ébauche politique, il est aisé de dégager le système du gouvernement fédéral. L’indépendance du pouvoir exécutif, et le veto qui en est la garantie, la division du pouvoir législatif, qui se fit d’elle-même du jour où l’on sentit la nécessité de séparer le conseil, mêlé à l’administration, de l’assemblée qui n’avait que le vote des lois, enfin la distinction du pouvoir judiciaire, étaient déjà d’antiques libertés au moment de la révolution ; et quand, après l’essai désastreux d’une chambre unique, maîtresse de tous les pouvoirs, Washington et ses amis proposèrent d’établir la présidence et le sénat, ils ne firent que revenir à la tradition, à une expérience qui