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qu’on en sentit les effets destructeurs, les planteurs réclamèrent auprès du roi ; mais les idées de Charles II et de son ministère étaient si parfaitement d’accord avec celles du parlement, qu’au lieu d’écouter les colons on mit tout en action pour faire exécuter strictement le monopole. C’était chose malaisée, car des lois qui subordonnent l’intérêt de tout un peuple à l’intérêt d’un autre pays situé à quinze cents lieues par delà les mers, ne sont pas d’une exécution facile. On construisit des forts sur les rives des principaux fleuves ; on entretint des croiseurs à la côte, ce qui n’empêcha pas la contrebande de prendre aussitôt un développement considérable. Plus tard il fallut introduire les cours d’amirauté. En un mot on fit sentir à la Virginie toutes les rigueurs de ce système, que, par dérision sans doute, on nomme le système protecteur.

La Virginie n’était pas au bout de ses souffrances ; le parlement avait ruiné la production de la colonie, et diminué les franchises de l’assemblée ; le roi, dans ses prodigalités, imagina de donner la province elle-même à ses courtisans. Neuf ans après la restauration, en 1669, il avait fait une concession de terres des plus considérables à lord Culpepper, concession d’autant plus injuste, d’autant plus oppressive qu’elle comprenait dans son étendue des terres cultivées et possédées depuis longtemps par les planteurs ;