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la religion seule l’a faite ce qu’elle est. La liberté politique y est sortie de la liberté religieuse, et c’est parce que la discipline ecclésiastique des premiers colons était républicaine, que dès l’origine leur gouvernement a été républicain. En Angleterre, le puritanisme amena la république comme un fruit naturel. Elle ne tint pas, il est vrai, devant la résistance d’une société, dont la foi n’était point celle de Milton ; mais en Amérique il en fut autrement, et on peut dire que dans la Nouvelle-Angleterre, où les puritains étaient seuls maîtres, c’était une loi de nécessité que les institutions et les mœurs fussent démocratiques, parce que la religion le voulait ainsi. Ces institutions, il faut donc les étudier. Nous ne pourrions comprendre la révolution d’Angleterre et la mort de Charles I en laissant de côté le mouvement religieux ; il serait aussi impossible de comprendre la Nouvelle-Angleterre sans connaître les doctrines puritaines, car c’est de là qu’elle est sortie tout entière, et c’est de cet esprit qu’elle vit encore aujourd’hui.

On sait quelle agitation suivit l’entreprise de Luther ; alors comme en toute révolution, on ne s’arrêta point aux propositions du premier novateur, on renversa les bornes qu’il avait posées, et un logicien plus terrible et plus sévère, Calvin, soumit à une réforme bien autrement radicale, la doctrine, le culte, le gouvernement de