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pape plus encore qu’aux doctrines. Tout en s’éloignant des catholiques par raison d’État, elle aimait leur obéissance et leur docilité ; elle avait du goût pour l’ancienne discipline et songeait moins à adopter des formes simples et sévères qu’à rivaliser de pompe et de splendeur avec l’Église romaine.

Le premier acte que rendit le parlement, sous le règne d’Élisabeth, déclara la suprématie de la couronne dans les affaires de religion, et établit l’uniformité de liturgie[1]. Ce fut alors que s’enflamma une discussion qui n’est point encore éteinte. Les cérémonies qu’on avait conservées de l’ancien culte n’avaient point, aux yeux même de leurs défenseurs, un caractère sacré ; la foi n’était point intéressée à leur maintien ; mais le respect qui les protégeait depuis tant de siècles, l’impression qu’elles produisaient sur l’imagination et sur les sens, les rendaient, disait-on, éminemment propres à fixer l’attention, à émouvoir le cœur, à exciter des sentiments pieux. Les garder était sage, car on n’avait rien de mieux pour les remplacer[2].

Les puritains (c’est ainsi qu’on nomma ceux qui par scrupule résistaient à l’uniformité), les puritains, qui avaient rêvé tout autre chose que de

  1. I, Élisab., chap. ii.
  2. C’est le système défendu par Hooker dans un célèbre traité souvent réimprimé : The Laws of Ecclesiastical polity ; Lond., 1592.