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tion de petites républiques indépendantes, souveraines, unies seulement par la foi[1]. Vous voyez là les premières origines de la démocratie moderne.

Ce n’est pas tout ; Brown ajoutait que la prêtrise n’était point un ordre distinct dans l’Église, et ne conférait pas un caractère indélébile : c’était une simple fonction. Tout homme capable et pieux pouvait être nommé ministre par l’élection des frères et l’imposition des mains ; et de la même façon, par la même autorité, il pouvait être déchargé de son office et réduit au rang de simple chrétien.

Ainsi, tout pouvoir était remis aux membres de l’Église. Seulement, pour être considéré comme tel, il fallait faire publiquement une profession de foi, et déclarer qu’on se sentait en état de grâce avec Dieu ; en deux mots, il y avait certaines conditions d’élection, mais une fois membre de l’Église, on était souverain, et tout se décidait par le vote universel de la congrégation du Christ. J’emprunte les expressions de Milton.

Il est visible que la république était en germe dans cette doctrine des puritains. Il suffisait

  1. En 1619, Robinson publia à Leyde son Apologia pro exulibus Anglis qui Brownistœ vulgo appellantur, et il y définit très-clairement l’indépendance de chaque Église : « Cœtum quemlibet particularem, esse totam, integram et perfectam Ecclesiam, ex suis partibus constantem, immediate et independenter (quoad alias Ecclesias) sub ipso Christo. » Apologia, cap. v, p. 22, citée par Mobheim, Eccles. hist., vol. V, p. 388.