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porter sur quelque terre anglaise, où il leur fût possible, de trouver un abri contre la fureur des évêques, sans perdre leurs droits de citoyens. Leur ambition était de fonder une cité de refuge où il leur fût enfin permis d’enseigner et de propager leurs opinions avec une pleine liberté.

L’Amérique, où l’Angleterre tentait d’installer des colonies, s’offrit alors à leur pensée ; déjà leurs frères, les calvinistes de France, avaient essayé, mais sans succès, de s’établir au Brésil, en Acadie, dans ce qui fut plus tard la Caroline ; les puritains voulurent suivre cet exemple. Les dangers de l’émigration, les périls de la mer n’effrayaient point des hommes habitués à l’exil, soutenus par la foi, éprouvés par la souffrance commune, et qui n’attendaient plus rien de cette patrie marâtre qui les rejetait de son sein.

« Il y a longtemps, disait Robinson, que nous sommes sevrés du lait délicat de notre mère-patrie et habitués aux difficultés d’une terre étrangère ; le peuple est industrieux et frugal. Nous sommes liés ensemble, en corps, par un contrat consacré par Dieu même ; ce serait conscience à nous de le violer, et nous nous croyons étroitement engagés à nous occuper tous du bien d’autrui et du bien de la communauté. Il n’en est pas de nous comme des hommes que les petites choses peuvent décourager[1]. »

Le premier soin des exilés de Leyde fut de s’assurer le libre exercice de leur religion. Jac-

  1. Bancroft, I, 305.