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« Les principes de la Nouvelle-Angleterre, a dit éloquemment M. de Tocqueville[1], se sont d’abord répandus sur les États voisins ; ils ont ensuite gagné de proche en proche les plus éloignés, et ont fini, si je puis m’exprimer ainsi, par pénétrer la confédération entière. Ils exercent maintenant leur influence au delà de ces limites sur tout le monde américain. La civilisation de la Nouvelle-Angleterre a été comme ces feux allumés sur les hauteurs, qui, après avoir répandu la chaleur autour d’eux, teignent encore de leur clarté les confins de l’horizon. »

Une seule idée avait conduit ces émigrants dans le nouveau monde, celle de fonder une pure Église, et cette seule idée leur a suffi pour établir une colonie au milieu d’obstacles qui eussent glacé l’âme d’hommes ordinaires, malgré la faim, le froid, la maladie, les Indiens, les bêtes sauvages. S’ils ont conquis ce sol ingrat, s’ils ont ouvert la voie à ce vaste courant d’émigration qui ne s’est point arrêté depuis plus de deux siècles, c’est que la foi les a soutenus au milieu des périls et des ennuis de la solitude, et leur a donné cette force qui transporte les montagnes et féconde les déserts.

Ce sont eux, qui, sous le nom de religion, ont porté en Amérique, ont planté, fécondé ce germe

  1. De la Démocratie en Amérique, I, p. 60.