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publique, dont Rome nous a laissé de si beaux exemples ; la commune y est l’école mutuelle de la liberté ; dès le premier jour le citoyen s’habitue à aimer l’État comme sa propre chose, et contracte ainsi ce légitime orgueil qui fait la force et la vertu des républiques.

Qu’on ne croie pas que cet amour éclairé de la liberté soit une idée moderne aux États-Unis ; la philosophie du xviiie siècle n’a rien à réclamer dans cette œuvre si belle ; l’honneur en reviendrait plutôt à la religion. Voltaire, Rousseau, Mably peuvent revendiquer leur part dans la révolution française, mais ils n’ont rien à prétendre dans la constitution américaine, et quand on aura lu l’histoire des colonies on comprendra toute la vérité de ces paroles qu’écrivait, en 1782, John Adams, l’ami et le successeur de Washington : « En général, la théorie du gouvernement n’est pas moins bien entendue en Amérique qu’en Europe, et il y a là-bas un grand nombre de personnes qui comprennent tout ce qui touche une libre constitution, beaucoup mieux que ne le font l’abbé de Mably ou M. Turgot, tout aimables, instruits et ingénieux que soient ces deux messieurs[1]. » Adams avait raison, la liberté aux États-Unis n’est pas une étrangère pour laquelle on se

  1. Voy. l’Appendice A, p. 523.