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nant l’esprit et les qualités nécessaires au gouvernement, ce serait prendre le nom de Dieu en vain que de tenir un tel talent sous le boisseau ; ce serait un péché contre l’honneur de la magistrature que de négliger de tels hommes dans nos élections politiques. Mais s’il plaît à Dieu de ne pas douer leurs enfants des qualités nécessaires au magistrat, nous les exposerions, et l’État avec eux, aux reproches et aux dangers, plutôt que nous ne les honorerions, en les appelant à l’autorité quand Dieu ne le veut pas[1]. » Et sur ce principe on repoussa l’établissement de tout privilège héréditaire.

Du reste ces hommes, si jaloux de l’égalité et de la liberté, ne comprenaient pas moins quelles sont les conditions d’un gouvernement ; et nulle part il n’y avait plus d’amour de l’ordre et plus de respect pour la loi. Winthrop, qu’on accusait d’outrepasser son pouvoir parce qu’il refusait de mettre en liberté sous caution des perturbateurs de la paix publique, pouvait prononcer, aux applaudissements publics, les nobles paroles que voici :

« Les questions qui, dans ces derniers temps, ont troublé le pays, touchent à l’autorité des magistrats et à la liberté du peuple. Les magistrats sont certainement une institution de Dieu, et je

  1. Bancroft, I, 385.