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cette petite démocratie qui se réunissait au son du tambour, ou à la voix du crieur, sous quelque vieux chêne ou sur le rivage de la mer, pour discuter ses lois et choisir ses magistrats, avait bien plus que la grande plantation de Massachussets, la conscience de sa mission, le sentiment de la vérité sur laquelle son fondateur l’avait assise.

« Notre État populaire, disent les registres publics, ne tournera pas, comme quelques personnes le conjecturent, à l’anarchie, ce qui serait la tyrannie commune, car nous avons le plus vif désir de conserver chacun de nous dans sa personne, son honneur et ses biens[1]. »

Jacques II, en attaquant les chartes coloniales, ne respecta pas celle que son frère avait accordée à Rhode-Island ; la colonie rendit son privilège en 1686, mais pour le reprendre aussitôt après la révolution de 1688 ; elle le conserva jusqu’en 1776.

Bien plus, à ce moment, quand tous les États, en pleine possession de la souveraineté, rédigèrent des constitutions nouvelles, ou du moins réformèrent leurs anciennes chartes, Rhode-Island conserva la patente de Charles II ; elle l’a gardée jusqu’en 1842. C’est le dernier État de l’Union qui ait modifié sa constitution ; et dans le fait qu’y pouvait-on changer ? Il y avait deux

  1. Bancroft, I, 427.