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un jeune homme ; devenue veuve elle l’épousa. Plusieurs années se passèrent d’une union tranquille, quand on vint à soupçonner l’intimité qui avait jadis régné entre les deux amants devenus paisibles époux ; ils furent poursuivis criminellement, mis en prison, et peu s’en fallut qu’on ne les condamnât à mort pour une faute qui assurément méritait d’être couverte par l’oubli.

Les lois du Connecticut sont remplies de ces mesures où l’intervention indirecte du magistrat nuit infiniment plus à la société que le désordre qu’on entend réprimer.

Le simple commerce entre gens non mariés était un crime que le magistrat avait le droit de punir de trois façons, de l’amende, du fouet ou du mariage. Dans un livre curieux intitulé les Antiquités de New-Haven, on voit qu’une femme coupable d’avoir cédé à son amant, est condamnée au fouet d’abord, et ensuite à épouser son complice[1] ; à la date de 1660 une jeune fille accusée d’avoir prononcé quelques paroles légères et de s’être laissé prendre un baiser, est condamnée à la réprimande et à l’amende. Vers la même époque, à Boston, une respectable matrone, coupable d’une intempérance de langage, était bâillonnée, attachée à sa porte et donnée ainsi en spectacle pour lui apprendre à être plus réservée à l’avenir. Une

  1. Tocqueville, I, 61.