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point à César. Tous deux une fois entrés dans leur voie n’en sont jamais sortis, et n’ont point reculé. César a voulu imposer au monde sa volonté et en chasser le nom même de liberté ; rien ne l’a retenu, et il a tué un million d’hommes pour arriver à son but. Washington a voulu défendre et consolider la liberté de la patrie, et rien non plus ne l’a jamais arrêté ; il a bravé la corde et l’infamie pour affranchir son pays menacé ; il a repoussé avec mépris la couronne que lui offrait l’armée, et qu’il eût pu accepter sans qu’on le taxât d’ambition. Dictateur, il n’a eu de souci que la liberté, d’amour que la république. Tous deux ont réussi ; chacun d’eux a fondé un empire, et légué à l’avenir son exemple et sa pensée ; leur œuvre les jugera.

Le despotisme qu’a établi César a donné tout pouvoir à un maître, et condamné tout un peuple à vivre de la volonté d’un seul homme. Ce règne d’un jour, en fondant l’Empire, a valu au monde cinq siècles d’une décadence irrésistible. L’administration impériale, un des systèmes les mieux combinés qu’ait imaginés la politique, a tellement usé la société romaine que le christianisme même ne l’a pas relevée ; il a fallu des races nouvelles pour régénérer un sang épuisé.

Washington a établi une république sage et bien ordonnée, et il a laissé à l’avenir non pas