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les mœurs n’ont qu’un intérêt secondaire dans une monarchie constituée comme était celle de Louis XIV ; elles sont tout dans une république.

Ce formalisme subsiste encore dans la Nouvelle-Angleterre, et lui conserve son caractère. Tandis que dans le sud l’esclavage altère les mœurs, le nord a jusqu’à ce jour défendu ses usages ; aussi est-il resté le pilier de la démocratie. Le respect de la religion, la sanctification du dimanche, la lecture de la Bible, donnent encore aujourd’hui aux mœurs une sévérité qui, dans l’habitant de Boston, permet de reconnaître l’ancien puritain, et c’est ainsi qu’en empêchant jusqu’à l’apparence du luxe et du désordre, la tradition maintient l’esprit d’égalité sans lequel il n’y a pas de république possible.

C’est ce qu’on oublie trop dans des pays où des habitudes moins austères font du pouvoir une proie plus désirable, en y attachant de plus dangereuses séductions. On sent bien qu’une république n’est point possible sans l’égalité ; on comprend moins que ce sont les mœurs bien plus que les lois qui la donnent. L’égalité devant la loi, il y a soixante ans que nous l’avons ; mais la sévérité de la morale publique, nous l’attendons encore. Nous en approchons, je le crois, et le moment n’est pas loin où l’opinion, sans être aussi exigeante que dans la Nouvelle-Angleterre, sera cependant bien plus rigide que par le passé. C’est ce qu’il est facile