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de Guillaume et de Marie qui mit fin à cet odieux esprit d’exclusion.

Jacques II, dans sa croisade contre les chartes coloniales, attaqua la patente que son frère avait accordée au Connecticut. En 1687, sir Edmond Andros, gouverneur de New-York, célèbre dans l’histoire de l’Amérique par la triste mission dont il fut chargé, vint à Hartford, la capitale du Connecticut, et au nom de la couronne déclara le gouvernement dissous. À cette époque, on attachait une importance extrême aux chartes, comme s’il y avait dans ces parchemins, dans le sceau qui les consacrait, on ne sait quelle vertu mystérieuse qui subsistait encore après la révocation de l’acte. « Une donation royale, sous le grand sceau, est la plus grande sûreté qu’on puisse avoir dans les affaires humaines, » disait en 1664 le Massachussets défendant sa liberté contre les prétentions de Charles II[1]. Andros demanda donc que la charte lui fût remise ; elle fut apportée par le gouverneur, qui, en présence des planteurs, plaida longtemps pour cet acte précieux, consacré par le sang des martyrs ( c’était sans doute des victimes des Indiens qu’il parlait), et qui avait valu à la colonie des jours d’alcyons. Le soir vint pendant ce discours ; une troupe nombreuse des rudes fermiers du Connecticut suivait

  1. Bancroft, II, 81.